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Rencontres Latines - 2016

avec le soutien de la

Présentation du concours et Programme de la journée
Texte de la version
Traduction de la version
Résultats
Organisateurs, comité scientifique, comité d'honneur
Allocution du Président des "Rencontres latines"
Donateurs


 

La 31e édition des "Rencontres latines – Concours de version latine "Marius Lavency"- s'est déroulée le mercredi 16 mars 2016 de 09h00 à 13h00 à l'Université Catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve. Ce concours est destiné aux élèves de 6ème option latin.
Près de 450 élèves  de 6e de l'enseignement libre francophone et germanophone ont répondu à l'appel.
Bravo à tous les participants !

(Pour s'y rendre : http://www.uclouvain.be/acces.html )

 Documents à télécharger en version imprimable :

1er envoi (cliquez ici pour 1 & 2 / cliquez ici pour 3 / cliquez ici pour 4)
  1. l'invitation adressée aux directions des établissements d'enseignement secondaire de l'enseignement libre francophone et germanophone
  2. l'invitation aux professeurs de langues anciennes
  3. un bulletin d'inscription des élèves
  4. un bulletin d'inscription comme surveillant (le matin), correcteur (l'après-midi)
2ème envoi

Présentation du concours et Programme de la journée

L'objectif principal du concours, destiné aux élèves de 6ème option latin, est de permettre à de jeunes latinistes de tous horizons de se rencontrer autour d'un texte de Cicéron et de se mesurer avec lui. Dans cette optique, tout élève est le bienvenu. Il s'agira aussi de sélectionner les participants au concours international de version latine à Arpino (Italie).

dès 9h : accueil des participants
10h : début de la version (extrait d'une œuvre de Cicéron ; grammaire, dictionnaire et lexique autorisés)
13h : fin du concours - début des corrections
14h00 : activités pour les élèves
16h30 : correction collective pour les élèves
17h30: proclamation des résultats

(sommaire)

Texte de la version

Un esprit curieux et réfléchi pour accéder au bonheur

Au cours d’un exposé sur les qualités du sage, Cicéron vient de faire une courte digression pour raconter sa découverte du tombeau d’Archimède, alors qu’il officiait comme questeur à Syracuse (la Sicile faisait alors partie de la « Magna Graecia » ; Syracuse avait été gouvernée par le cruel tyran Denys, célèbre notamment pour l’histoire de l’épée de Damoclès).

Ita nobilissima Graeciae ciuitas, quondam uero etiam doctissima, sui ciuis unius acutissimi monumentum ignorauisset, nisi ab homine Arpinate didicisset.

Sed redeat unde aberrauit oratio. Quis est omnium qui, modo cum Musis – id est cum humanitate et cum doctrina – habeat aliquod commercium, se non hunc mathematicum malit quam illum tyrannum ? Si uitae modum actionemque quaerimus, alterius mens rationibus agitandis exquirendisque alebatur cum oblectatione sollertiae, alterius in caede et iniuriis cum et diurno et nocturno metu. Age confer Democritum, Pythagoram, Anaxagoram ; quae regna, quas opes studiis eorum et delectationibus antepones ? (…) Quid est autem in homine  sagaci ac bona mente  melius ?  Eius bono fruendum est igitur, si beati esse uolumus ; bonum autem mentis est uirtus ; ergo hac  beatam uitam contineri  necesse est.

 Cicéron, Tusculanes, V, 66-67 partim   

l .1 :  uero :  à coup sûr, en vérité ;  unus  avant superlatif : de loin 

l. 2 :  Arpinas, atis  :  d’Arpinum (ville natale de Cicéron)

l. 3 :  modo + subj. :  pourvu que

l. 4 :  habere commercium cum aliquo : être en relation avec qqn

l. 5 :  malit : subj. prés. de  malle, malo, malui  (introduit par ‘qui’)

l. 6 :  alterius, génitif de alter, a, um  ;  ratio, onis  f. : ici : le raisonnement, la théorie 

        oblectatio sollertiae : « le plaisir de l’invention » 

l. 7 :  Age + impér. :  eh bien, allons

l. 9 :  sagax, acis  :  subtil, pénétrant ;  Eius :  c’est-à-dire ‘mentis’  ;   frui, or, fructus sum + abl. :  jouir de

 

(sommaire)

Traduction de la version

Traduction de  la lauréate  SOMMA Valentina, Vierge Fidèle, Bruxelles ;

 

Ainsi, la cité la plus noble de la Grèce, autrefois aussi à coup sûr la plus savante, aurait ignoré le monument funéraire de son citoyen de loin le plus pénétrant, si elle n’avait pas connu par un homme d’Arpinum son existence.

Mais que le discours revienne d’où il s’est éloigné. Qui de tous est celui qui, pourvu qu’il soit en relation avec les Muses –c’est-à-dire avec la bonté humaine et avec le savoir– en quelque chose, ne préférerait pas être ce mathématicien-ci plutôt que ce tyran-là ? Si nous cherchons la mesure et l’action de la vie, l’esprit de l’un était nourri en agitant et en recherchant les raisonnements avec le plaisir de l’invention, l’esprit de l’autre était nourri dans le meurtre et les injustices avec une crainte à la fois diurne et nocturne. Considère donc Démocrite, Pythagore, Anaxagore ; quels royaumes, quelles richesses préféreras-tu à leurs études et à leurs plaisirs ? (…)

Cependant, qu’est-ce qui est meilleur dans un homme qu’un esprit pénétrant et bon ? Il faut donc jouir du bien de ce dernier, si nous voulons être heureux ; cependant, le bien de l’esprit est la vertu ; donc, il est nécessaire qu’une vie heureuse soit contenue par cette dernière.

 

Traduction, "Les Belles Lettres"

        Ainsi la cité de la Grèce la plus célèbre et même à un moment la plus savante aurait ignoré le monument du plus génial de ses fils, si un enfant d’Arpinum ne le lui avait fait connaître. Mais revenons au sujet d’où nous nous étions écartés. Y a-t-il au monde un homme, pourvu qu’il ait pris contact avec les Muses, c’est-à-dire avec la civilisation et avec la science, qui ne préférerait être à la place de ce mathématicien-ci qu’à celle de ce tyran-là ? Si l’on envisage leur genre d’existence et leur activité, la pensée de l’un trouvait son aliment dans la discussion et la recherche des théorèmes, et ainsi se délectait de sa puissance créatrice, [ce qui est pour l’âme la plus douce des nourritures] ; l’aliment de l’autre, c’était le meurtre et les injustices, et ainsi la peur ne le quittait pas nuit et jour. Et maintenant comparez-lui Démocrite, Pythagore, Anaxagore : quelles souverainetés, quelles richesses mettrez-vous au-dessus des charmes de leurs études ? (…) Or qu’y a-t-il de meilleur dans l’homme qu’une pensée pénétrante et vigoureuse ? Cela posé, c’est du bien qui appartient à la pensée que nous devons jouir, si nous voulons être heureux. Or, le bien qui appartient à la pensée est la vertu. Donc, c’est de la vertu nécessairement que dépend le bonheur.

 

Traduction Les Belles Lettres

(sommaire)

Résultats :

   1. SOMMA Valentina, Institut de la Vierge Fidèle, Bruxelles ;

   2. COULON Géraldine, Collège du Christ-Roi, Ottignies ;

   3. FALCICCHIO Amandine, Collège Notre-Dame de Bon Secours, Binche ;

   4. GOLENVAUX, Pauline, Institut Saint-Boniface-Parnasse, Ixelles ;

   5. STAS Catherine, Communauté scolaire Saint-Benoît, Habay-la-Neuve ;

   6. NYS Amélie, Institut Saint-André, Ramegnies-Chin ;

   7. BIAVA Mathieu, Collège Saint-Pierre, Uccle ;

   8. COLLIN Tanguy, Institut Saint-Jean-Baptiste, Wavre ;

   9. CHERENCE Jonah, Collège Saint-Augustin, Gerpinnes ;

10. DE MAEGHT Virginie, Institut de l’Enfant-Jésus, Nivelles ;

11. HARDY François, CESC Saint-Augustin, Enghien ;

12. MICHARD Jeanne, Institut Saint-Jean-Baptiste, Wavre ;

12. DUQUENNE Félix, Collège Saint-Augustin, Gerpinnes ;

14. CLÉMENT de CLETY, Maxime, Collège Saint-Michel, Etterbeek (Bruxelles) ;

14. RIXHON Nicolas, CESC Saint-Augustin, Enghien ;

16. M’BILO Esther Lauren, Institut de la Vierge Fidèle, Bruxelles ;

17. PION Emma, Institut Saint-Louis, Namur ;

18. PANNEELS Marine, Institut de la Vallée Bailly, Braine-l’Alleud ;

18. MURPHY Colm, Collège Saint-Michel, Etterbeek (Bruxelles) ;

20. KWASNIEWICZ Tomasz, Institut de la Vierge Fidèle, Bruxelles.

Ont obtenu une mention : 

BEYNAERTS Estelle

BLAUDE Jean-Michel

BLISTAIN Max

CAROLUS Mazarine

DARDENNE Rodrigue

DE SAULNIER Jessica

DECHEVEZ Julien

DENEET Jessica

DEWALLEF Océane

DIMANCHE Marie-Charlotte

DUMONT Coline

GEKIERE Antoine

GODTS Hadrien

HADDAD Noha

HAVERALS Julien

HEIJMANS Marie

HINNEKENS Adrien

LEDURE Emmanuelle

LEPAS Camille

LORENT Camille

MAGERAT Alixandre

MEHAUDENS Sébastien

MORLIGHEM Camille

OPSOMER Violaine

PALUMBO Stefano

PIERARD Lorine

RAZEE Valentine

RENARD Sarah

ROQUET Mazarine

RUYS Nicolas

SAIL Simon

STALENS Elise

THIERY Clémence

THIRIFAY Camille

THOMAS Mathilde

TOUSSAINT Elise

VELDEMAN Pierre

VERSTRAETE Adrien

VIGNERON Camille

VINEL Thomas

WALKER Victoria

WIELS Mélanie

Organisateurs, comité scientifique, comité d'honneur

Président d’honneur
Yves TINEL (Fondateur des « Rencontres latines ») 

Président
Didier XHARDEZ (Professeur à l'Université Saint-Louis -Bruxelles et sous-directeur au Collège Saint-Michel-Bxl)

Comité scientifique :
+ Marius LAVENCY (Professeur émérite de l’UCL et à l' USL)
+ Etienne EVRARD (Professeur honoraire de l’ULg)
Dominique LONGREE (Professeur à l'ULg  -  Professeur à l'USL)
Muriel LENOBLE (Docteur en Langues et Littératures classiques)
Paul PIETQUIN (Chargé de cours à l'ULg)
Gérard SCHOUPPE (ancien Conseiller pédagogique en Langues anciennes, professeur au Collège Saint-Michel)
Didier XHARDEZ (Professeur à l'Université Saint-Louis -Bruxelles et sous-directeur au Collège Saint-Michel-Bxl)

Comité organisateur :

Cécile BOURGAUX
Christelle DECROËS
Jean-Claude DUPONT
Marc FRANCART
Noëlle HANEGREEFS
Michel ROSSEEL
Eric SCARPA

(sommaire)

Comité d'honneur :

S.E. le Cardinal G. DANNEELS
Monsieur C. MICHEL, Premier Ministre
S.E. l'Ambassadeur V. GRASSI, Ambassadeur d'Italie
Monsieur R. DEMOTTE, Ministre-Président de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Madame J. MILQUET, Vice-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Ministre de l’Education,
     
de la Culture et de l’Enfance
Monsieur H. MOLLERS, Ministre de l’Education et de la Recherche scientifique en Communauté  germanophone
Monsieur H. JAMAR, Gouverneur de la province de Liège
Monsieur V. BLONDEL, Recteur de l'Université Catholique de Louvain
Monsieur Y. POULLET, Recteur de l'Université de Namur
Monsieur A. CORHAY, Recteur de l'Université de Liège
Monsieur P. JADOUL, Recteur de l'Université Saint-Louis
Monsieur A. BODSON, Recteur Honoraire de l'Université de Liège
Madame M.-M. SCHYNS, Cheffe de groupe CdH au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Monsieur X. BAESELEN, Secrétaire général du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Monsieur P.-E. MOTTARD, Député provincial de la ville de Liège en charge de la Culture, de la Jeunesse, du Logement, du Tourisme, des Centres PMS et de la Promotion de la Santé à l'école
Madame E. COVIELLO, Capa della Cancelleria consolare
Monsieur E. MICHEL, Directeur Général du S.E.G.E.C.
Monsieur P. HILIGSMANN, Doyen de la Faculté de Philosophie, Art et Lettres de l'UC Louvain
Madame I. OST, Doyenne de la Faculté de Philosophie et Lettres à l'Université Saint-Louis
Monsieur G. PALUMBO, Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Namur
Monsieur P.-A. DEPROOST, Professeur à l'Université Catholique de Louvain.
Monsieur G. de Callataÿ, Président de la Commission des Programmes "Langues et Lettres Anciennes"
     
(= CP GLOR)
Monsieur A. MEURANT, Président de la Commission des programmes en Langues et lettres anciennes
     
et modernes (= CP LAFR)
Monsieur J. DENOOZ, Professeur Émerite à l'Université de Liège
Monsieur J. POUCET, Professeur Emérite à l'Université Catholique de Louvain et à l'Université Saint-Louis
Monsieur le Dr. J. MACHIELS, Président de l'Ordre des Médecins - Brabant wallon
Monsieur E. DAUBIE, Secrétaire général de la FESeC
Monsieur l'Abbé H. GANTY, Vicaire épiscopal du Diocèse de Namur
Madame C. PONCHON, Inspectrice de langues anciennes
Monsieur J.-P. MOGENET, Inspecteur de langues anciennes
Monsieur F. DEWEZ, Conseiller pédagogique en langues anciennes
Monsieur Y. BALZAT, Inspecteur de langues anciennes honoraire
Monsieur F. LITTRE, Directeur du CECAFOC
Monsieur P. ENGLEBERT, Directeur diocésain - diocèse de Namur-Luxembourg
Monsieur J.-F. KAISIN, Directeur diocésain - Diocèse de Liège
Monsieur B. JACOB, Echevin de la Jeunesse et des Fêtes, Céroux-Mousty
Monsieur P. PLUMET, Président de l'Association Européenne Des Enseignants-Enseignement Libre (AEDE-EL)
Madame F. PATERNOTTE, Présidente de la Fédération des Professeurs de Grec et de Latin (FRPGL)
Madame M.-B. MARS, Vice-présidente de la FRPGL
Madame D. OSCARI, Directrice du Théâtre-Poème 2
Monsieur R. PAGLIARO, Presidente dell'Associazione dei Laziali nel mondo -Benelux
Monsieur P. GRASSI, Directeur de l'Istituto Italiano di Cultura

(sommaire)

Allocution du Président des "Rencontres latines", Monsieur Didier XHARDEZ

Voici la version quelque peu remaniée de l’allocution prononcée par D. Xhardez à l’occasion de la proclamation des résultats de la 31e édition des « Rencontres latines », le mercredi 16 mars 2016, à l’Université Catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve).

 Au nom de l'équipe organisatrice de la 31ème édition des "Rencontres latines", je vous remercie de votre présence qui nous honore. Bien sûr, l'affluence n'est pas aussi impressionnante que celle de ce matin, sans doute à cause de l'heure tardive et de cette météo toute printanière. Mais clôturer cette journée dans la foulée directe du concours et des corrections, devant un public de choix, est pour nous la manière de couronner au mieux cette journée destinée à rassembler, autour du latin, élèves, professeurs et personnalités.

Comme je sais combien vous languissez dans l’attente des résultats du concours, je vais m’efforcer de ne pas être trop long.

Je vous demande néanmoins un peu de patience et d’indulgence, car comme écrivait Cicéron dans le texte qui fut donné à traduire ici-même à Louvain-la-Neuve il y a déjà 6 ans : Gratia mater uirtutum, « la gratitude est la mère des vertus ». Mon premier devoir est donc de remercier tous ceux sans lesquels cette journée n'aurait pu se dérouler dans les meilleures conditions.

 Permettez-moi de saluer tout particulièrement

-          Yves Tinel, le Président-fondateur des "Rencontres latines", accompagné de notre ami M. Rocco Pagliaro, President des Laziali nel mondo, l’association qui réunit tous les Italiens originaires du Latium, la région de Rome et d’Arpino, deux cités bien sûr étroitement liées à notre concours.

-          L’Université Catholique de Louvain pour son chaleureux accueil et son apport logistique exemplaire. Ouvrir ses murs à plusieurs centaines d'élèves du secondaire constitue un réel défi qui a pu être relevé grâce au soutien des autorités universitaires, en la personne notamment de Monsieur le Recteur et Monsieur le Doyen qui nous honorent de leur présence. Diverses personnes ont assumé de nombreuses tâches, parfois assez ingrates. Je remercie ainsi tout particulièrement Madame Nathalie Coisman, responsable des événements à la Faculté de Philosophie, Arts et Lettres.

 Merci aussi à

- Monsieur G. Schouppe, qui, malgré ou grâce à l’accès à une retraite bien méritée, a une fois de plus assuré la correction collective de la version, avec la compétence et l’enthousiasme qu’on lui connaît.

-          aux membres du Comité organisateur. Je tiens ici à témoigner une immense gratitude à Christelle Decroës, qui, depuis 3 ans qu’elle a repris le flambeau , ou devrais-je dire le fardeau du secrétariat et de la trésorerie, ne ménage ni son temps ni son énergie pour assurer les multiples tâches inhérentes à l’organisation du concours. Vous n’imaginez pas les heures de travail nécessaires à l’équipe organisatrice pour rendre tout ceci possible. Merci donc aussi à Eric, Jean-Claude, Michel, Muriel, Paul,…

Je remercie également tous les professeurs venus aujourd'hui à Louvain-la-Neuve tant pour encadrer les élèves et les soutenir moralement dans leur travail, que pour corriger les copies. Un travail de correction ô combien ardu rendu possible par la compétence et l'entraide de toute une équipe.

Et enfin merci aux 456 élèves qui ont envahi les auditoires et qui, cette année encore, ont relevé le beau défi de la version latine.

Le défi d’aujourd’hui amenait les élèves à comprendre le sens d’un texte tiré des Tusculanes de Cicéron que nous avons intitulé « Un esprit curieux et réfléchi pour accéder au bonheur ». Après avoir raconté sa découverte du tombeau d’Archimède à Syracuse et évoqué le sort de l’odieux tyran de Syracuse, Denys, célèbre pour l’histoire de l’épée de Damoclès, Cicéron écrit ceci : « Y a-t-il au monde un homme (…) qui ne préférerait être à la place de ce mathématicien (Archimède) plutôt qu’à celle de ce tyran (Denys) ? (…) La pensée de l’un trouvait son aliment dans la discussion et la recherche de théories, et ainsi se délectait de sa puissance créatrice ; l’aliment de l’autre, c’était le meurtre et les injustices, et ainsi la peur ne le quittait pas nuit et jour. Or qu’y a-t-il de meilleur dans l’homme qu’une pensée pénétrante et vigoureuse ? Cela posé, c’est du bien qui appartient à la pensée que nous devons jouir, si nous voulons être heureux. » ([1])

En entendant ces mots, qui ne serait séduit par leur vérité, a fortiori au sein de cette prestigieuse Alma Mater, où sont précisément cultivées la « pensée pénétrante et vigoureuse », l’intelligence critique, la recherche philosophique, le discours démocratique, comme autant de boucliers face à l’obscurantisme des tyrannies de tout poil.

En entendant ces mots, qui ne serait surpris de leur incroyable intemporalité ?

Jamais la question du bonheur n’a peut-être été si envahissante qu’aujourd’hui. Allez dans les rayons « Psychologie » ou « développement personnel » des librairies, et vous constaterez que la littérature sur le bonheur est foisonnante, pléthorique ! Du sociologue français Jacques Salomé qui affirme que le bonheur est une lutte de chaque instant pour ne pas céder à la tentation commune du désespoir, de la colère et de la peur ([2]) au chercheur et écrivain belge Ilios Kotsou et son « Eloge de la lucidité » ([3]), on pourrait dire « Nil noui sub sole ».

Car la question du bonheur ne date évidemment pas d’aujourd’hui. Le patrimoine littéraire et artistique de l’Antiquité offre une multitude de sages, de maîtres à penser, qui permettent aux professeurs de latin et de grec de travailler avec leurs élèves des thèmes aussi fondamentaux à partir de textes millénaires dont l’actualité donne toujours à réfléchir.

C’est ce qui a encore été rappelé en ces murs mêmes samedi dernier à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’Association Royale des professeurs de Grec et de Latin. Et ce fut aussi l’objet de deux journées de formation organisées toujours à l’UCL et qui ont rassemblé fin janvier 150 professeurs de langues anciennes.

Merci donc à l’UCL d’avoir, pour la troisième fois aujourd’hui en 2016, permis de montrer urbi et orbi que l’accès aux textes et à la civilisation antiques et, plus largement, le recours à la puissance de l’intelligence et de la culture, sont loin de devenir une utopie, (pour évoquer le thème de cette année académique).

Rita Levi-Montalcini, prix Nobel de médecine en 1986, disparue en 2012, exprimait ainsi son rêve (utopique ?) pour l’humanité « Parvenir à utiliser au maximum la capacité cognitive de notre cerveau, pour circonscrire le fanatisme et développer nos attitudes positives (…) ; il n’y a pas de tâche plus passionnante que d’aider les autres en continuant à croire au progrès, à chercher ». ([4])

Reconnaissance de nos racines, prise de conscience de l’Altérité, sens de la rigueur et de la précision, curiosité intellectuelle, dans une perspective non utilitariste, voilà, entre autres, des objectifs revendiqués depuis toujours par l’enseignement des langues anciennes.

Quel profit y a-t-il donc à traduire du latin, si ce n’est le plaisir gratuit et gratifiant du travail bien fait, du message bien compris, dans le respect et la compréhension de la pensée d’autrui ?

Les milliers de jeunes latinistes d’aujourd’hui ont l’immense mérite, fût-il parfois inconscient, de ne s’être pas limités aux disciplines réputées plus utiles, plus utilitaristes, plus rentables. Ils ont compris qu’au-delà du rendement à court terme, ils doivent pouvoir s’appuyer sur une formation solide, généraliste et citoyenne, en un mot « humaniste ».

Ces milliers de jeunes latinistes apportent une réponse cinglante à ceux qui pensent qu’ils sont une espèce en voie d’extinction, à ceux qui les imaginent tous issus de milieux favorisés, tous destinés à devenir juristes, médecins ou ingénieurs… Bon nombre de ces élèves, dont le milieu familial ou les intérêts immédiats ne les disposaient pas a priori à étudier le latin, ont aujourd’hui la chance de connaître les richesses de cette formation, parce qu’ils ont eu la possibilité de s’y initier dès 12 ans. En Belgique, en Fédération Wallonie-Bruxelles comme en Flandre, n’a pas (encore ?) été faite l’erreur irréversible dans laquelle se sont engagés par exemple les Français : celle de faire des langues anciennes des matières périphériques devenues quasi moribondes. Dans une réponse à une question parlementaire en Commission de l’éducation, la Ministre Milquet affirme ceci :

« Je pense qu’il faut en premier lieu garder ces options. Il vaut mieux ne pas imiter les aventures françaises, même si j’apprécie beaucoup mon homologue » (allusion à Najat Vallaud-Belkacem, toujours en place, dont le projet de réforme du Collège a fait couler beaucoup d’encre). Et Mme Milquet d’évoquer dans la foulée notre proclamation de l’an dernier où elle nous fit l’honneur de sa présence : « J’ai pu y voir pléthore de jeunes passionnés, certains ayant obtenu 19 sur 20 pour une version qui n’était pas facile. » ([5])

Au moment où, dans le cadre du « Pacte d’excellence » mis en œuvre par Mme Milquet, l’on parle à nouveau de réforme du 1er degré et d’allongement du tronc commun, il faut insister sur l’importance fondamentale de laisser les jeunes de 12 ans accéder à l’étude du latin, sous peine de réduire à néant tous les efforts accomplis par plusieurs générations d’enseignants pour moderniser leurs pratiques au bénéfice du plus grand nombre. De grâce, ne cédons pas à la « pédagogie du renoncement » ([6]) ou de la procrastination, qui consisterait à éviter ou reporter les difficultés, avec des conséquences dramatiques dans l’enseignement supérieur, particulièrement pour les étudiants moins favorisés.

 Mais revenons à nos « Rencontres latines » dont l’objectif est, avant toute autre préoccupation, de réunir des jeunes de tous horizons, quel que soit leur niveau en version latine, pour leur faire vivre que l'étude du latin ne se résume pas à leur classe dans leur école, mais peut rassembler les foules.

Cela dit, les « Rencontres latines » sont aussi un concours de version. Et tout concours doit avoir ses lauréats, qu'il a bien fallu sélectionner.  C'est là aussi une école de vie, car il serait hypocrite, irresponsable, criminel, de laisser croire aux jeunes que tout pourrait se gagner sans effort, sans qu’ils soient les principaux acteurs de leur propre avenir... Tout comme sont sélectionnés les jeunes artisans qui participent aux WorldSkills, le mondial des métiers, où est envoyée l’élite de l’enseignement qualifiant. Tout comme seront sélectionnés les jeunes qui pourront s’entraîner dans le Centre d'élite sportive qui sera établi ici même à Louvain-la-Neuve.

Juste une question : pourquoi le soupçon ou le discrédit sont-ils si souvent de mise quand on parle d’élite intellectuelle ([7]) ?

 Les 6 premiers lauréats d’aujourd’hui auront la chance de se rendre à Arpino, en compagnie de 14 condisciples francophones et néerlandophones pour représenter la Belgique à la 35ème édition du Certamen Ciceronianum Arpinas, le concours de version latine européen d’Arpino.

Voir ainsi le village natal de Cicéron accueillir plusieurs centaines de jeunes issus des quatre coins de l'Europe est une preuve supplémentaire de l'intérêt et de l'actualité de l'étude des textes anciens dans notre Europe en permanente évolution.

Mais trêve de réflexions ! Il est plus que temps d'en venir à la proclamation des résultats et à la remise des prix.

 Non sans avoir cependant lancé une dernière salve de remerciements à toutes les personnalités et organisations qui nous ont fait part de leur sympathie et de leur soutien et qui, dans un contexte économique difficile, nous permettent d'offrir ce soir de nombreux prix. Je vous épargnerai ici une énumération fastidieuse, en vous renvoyant au palmarès qui reprendra la liste de notre comité d’honneur et de nos « mécènes » ou « sponsores ». On y trouve de nombreuses personnalités des mondes politique, diplomatique, académique, juridique, ecclésiastique, et bien sûr, pédagogique,…


([1])      Tusculanes, V, 66-67

([2])      J. Salomé, Pourquoi est-il si difficile d’être heureux ?, Albin Michel, 2007.

([3])      I. Kotsou, Eloge de la lucidité. Se libérer des illusions qui empêchent d’être heureux, Robert Laffont, 2014.

([4])      Citée par Xavier Zeegers, « Mes meilleurs vieux. »  in La Libre, 09 janvier 2012.

 

([5])      CRIc N° 109-Educ.14 (2014-2015) p. 43.

 

([6])      V. de Coorebyter, La pédagogie du renoncement, in Le Soir, 24 février 2016 : « En revoyant certaines formes et certains niveaux d’exigence (…), nous en sommes au point, aujourd’hui, où le souci de faire réussir les moins favorisés se retourne contre eux : la pédagogie de la bienveillance s’est muée en pédagogie du renoncement ».

 

([7])    En 2008 à Namur, j’avais cité les propos de Philippe Dembour, un père de famille, responsable en outre d’une école de devoirs et donc en contact direct avec des jeunes en difficulté scolaire. Cela ne l’empêche pas d’affirmer : « Nous croyons qu’un pays a besoin d’une élite, pas d’une élite suffisante et arrogante, mais d’une élite d’humilité et de conviction, pas d’une élite qui vise à préserver ses privilèges, mais d’une élite qui se soucie de servir le bien commun, pas d’une élite fermée fondée sur une situation figée et des droits acquis, mais d’une élite mouvante combinant les trois valeurs du cœur, de l’intelligence et du sens de l’effort » (A chaque enfant, son école, dans La Libre Belgique, 12 décembre 2007). Le sociologue Claude Javeau ne pense pas différemment quand il définit l’élite comme « l’ensemble des personnes, de toutes conditions, sexes ou âges qui cherchent à mettre au maximum leur intelligence au service de l’émancipation », laquelle se définit comme « le phénomène à visée collective qui consiste à fournir au plus grand nombre les outils qui devraient leur permettre de jouir le plus librement possible de leur passage sur terre «  (Eloge de l’élitisme, Le grand miroir, 2002, p. 11-13).

 

(sommaire)

Donateurs

Pour l’attribution des prix 

Le Cardinal
l'Ambassadeur d'Italie

la Vice-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Ministre de l’Education, de la Culture et de l’Enfance

le Ministre de l'Education de la Communauté germanophone

le Gouverneur de la Province de Liège

le Recteur de l’Université Catholique de Louvain

le Recteur de l’Université de Liège

le Recteur de l’Université de Namur

le Recteur honoraire de l’Université de Liège

la Cheffe de groupe CdH au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles

le Secrétaire général du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles

le Député provincial de la ville de Liège en charge de la Culture

le Directeur général du SEGEC

le Doyen de la Faculté de Philosophie, Arts et Lettres de l'Université Catholique de Louvain

la Doyenne de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université Saint-Louis - Bruxelles

le Doyen de la Faculté de Philosophie, Art et Lettres de l'Université de Namur

le Président de la CP GLOR

le Président de la CP LAFR

Monsieur Deproost, Professeur à l'Université Catholique de Louvain

le Président de l’Ordre des Médecins – Brabant Wallon

le Secrétaire général de la FESeC

le Vicaire Episcopal pour l’Enseignement du Diocèse de Namur

l'Inspectrice de Langues anciennes

le Conseiller pédagogique en langues anciennes

le Directeur du CECAFOC

le Directeur diocésain du diocèse de Namur-Luxembourg

le Directeur diocésain du diocèse de Liège

l'Echevin de la Jeunesse d'Ottignies-Louvain-la-Neuve

la Présidente de la FRPGL

Monsieur Balzat, Inspecteur de Langues anciennes honoraire

Monsieur Rocco Pagliaro, Presidente dell’Associazione dei Laziali nel Mondo (Bénélux)

la Fédération Royale des Professeurs de Grec et de Latin (prix de 300 euros attribué au premier lauréat)
la famille LAVENCY et les membres d'honneur (Prix Marius Lavency : du 2ème au 6ème lauréats : 5*220 €)
(voir les noms sur le site : www.prixmariuslavency.be)
l'Association Européenne Des Enseignants (Prix de l'A.E.D.E. - E.L. : 400 €) (www.aede-el.be)
les établissements scolaires du Diocèse de Liège
les établissements scolaires du Diocèse de Malines-Bruxelles
les établissements scolaires du Diocèse de Namur-Luxembourg
les établissements scolaires du Diocèse de Tournai

La Librairie UOPC
Archéolo-J

la librairie-papeterie Wagelmans à Visé

les Editions Brepols

les Editions Dupuis

le Groupe Colruyt

Les dons en espèces contribueront à financer le voyage à Arpino des lauréats sélectionnés pour le "Certamen Ciceronianum".

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